Lundi 11 décembre
Je ne suis amoureux de rien
Je traverse la vie comme la rue sans regarder
Tu es venue je ne t’ai jamais prise par la main
Nous savons que tout est mensonge nous avons
Des tâches d’encre dans les mains
A chaque fois le jour se lève nous suivons les rails
Il n’y a pas de traîne pas de voile de mariée même la brume dans les branches
Le jour n’en finit pas de se lever
Jacques Bertin
On s’est rencontré un samedi à la déchetterie. Elle m’a à peine jeté un regard, mais mon vernis a craquelé.
Je portais un vieux lapin posé en 2002 que j’avais retrouvé au grenier et j’hésitais entre le recyclage des amours perdus ou, juste à coté, le bac des rendez-vous manqués. Elle avait dans les mains un paquet de lettres d’amour usagés et les lançait une à une dans le container des souvenirs encombrants.
« A chaque jour suffit sa benne » lui dis-je bêtement. Elle daigna sourire : « J’ai un chagrin d’amour à balancer dans la poubelle des illusions trouvées mais il est trop lourd à porter, si vous… »
-« Encore une rupture des années 90, un amour impossible jamais servi, deux malentendus en bon état, le tout à trier et je suis à vous… »